Tradition de Noël en Provence, symbolique.
La tradition du noël provençal est aujourd’hui restée très forte, et dès le début du mois
de décembre, on commence à se préparer pour les fêtes calendales :
on peut semer le blé de la Sainte Barbe, qui présagera de l’année à venir. On peut aussi
semer des lentilles, des pois chiches, du cresson.
On peut se rendre à la foire pour acheter des santons
Ou bien se mêler aux veillées calendales de village et se plonger ainsi dans les contes
et traditions de noël
Et enfin, on peut préparer la crèche.
La crèche provençale traditionnelle est la parfaite reconstitution du village provençal,
de ses habitants et de ses métiers.
La mousse fera l’herbe, des brindilles de cyprès, de thym, de romarin, de buis
figureront les arbres, on utilisera de la farine en guise de neige, du papier aluminium
pour l’eau, du papier bleu nuit pour le ciel, sur lequel on colle des étoiles découpées
dans du papier or ou argent.
Rien ne manque depuis l’étable ou la grotte, les bastides ou mas provençaux, les puits,
les ponts, jusqu’au moulin à vent, sans oublier bien sûr le blé de la Sainte Barbe orné
d’un ruban rouge.Les colonnes romaines peuvent symboliser le monde révolu, les
antiques d’Arles sont prises parfois comme modèle. .
La nativité
L’Enfant Jésus : l’Enfant Jèsu, l’ Enfantoun.
Nouveau-né emmailloté, étendu à même la paille qui dessine autour de lui une
couronne rayonnante, il symbolise l’innocence, la pureté, la fragilité et la lumière. Ce
n’est qu’à minuit qu’on placera le petit jésus au centre de l’étable.
La Sainte Vierge : la Santo Vierge
Jeune femme agenouillée les mains jointes dans un acte d’adoration, elle est vêtue de
bleu, simple et modeste elle porte un voile sur la tête. Elle incarne le bonheur, la
maternité, l’amour, on la place à droite de l’enfant Jésus. Elle est la seule avec son
mari Joseph, à porter des vêtements au début de notre ère, les autres santons ont des
costumes du XIXème siècle.
Saint Joseph : San Jousé
Placé à gauche du nouveau-né, il a souvent un genou à terre. Quelquefois il se tient
debout dans une posture méditative. Ses longs cheveux tombent sur ses épaules, il
porte la barbe, son costume brun taillé dans de la bure est à la mode franciscaine. Il a
l’aspect d’un artisan un peu rude mais empreint de tendresse et de sérénité.
L’Ane : l’ase
C’est un petit âne gris à croix noire sur le dos. Il est allongé à la droite de l’enfant
Jésus, les pattes repliées. C’est sans doute lui qui a porté Marie le long de la route
conduisant à Bethléem.
L’âne était un animal familier, une bête de somme très répandue dans la campagne
provençale, il servait notamment d’auxiliaire au meunier, il transportait par les
chemins de terre les matériaux, les denrées, et les gens. A ce titre, on le retrouve dans
la crèche avec le meunier et c’est lui qui porte Margarido. Il symbolise la patience, le
courage, l’humilité, et il n’est pas question ici de son caractère têtu.
Le bœuf : lou biou
Placé à la gauche de l’enfant Jésus à côté de Saint Joseph, il est allongé sur ses pattes
et réchauffe de son haleine le nouveau-né. Si l’on en croit la légende, Saint Joseph
aurait emmené le bœuf pour le vendre au marché et l’argent devait servir à payer le
tribu de recensement après la naissance de l’enfant.
C’est à l’image d’un temps où les hommes vivaient dans l’intimité de la nature en
harmonie avec les animaux.
L’ange boufareù
C’est un angelot dodu, rose et joufflu, les ailes déployées il souffle à s’époumoner dans
une trompette d’or pour éveiller le monde, et annoncer à tous la bonne nouvelle.
On le met en évidence haut perché sur une colline ou accroché dans le ciel ou encore
sur le toit même de l’étable.
L’étoile : l’estello
Elle est avec l’ange boufareoù l’autre manifestation de la présence des cieux à
l’évènement. C’est une grande étoile rayonnante illuminant le ciel à l’heure de
minuit.Elle guide les pas de la foule. Ainsi dans la fameuse Ballade des santons :
Un soir alors
Paraît l’étoile d’or
Et tous les petits santons
Sortent de la boite en carton
Elle symbolise le mystère, apporte la touche du Merveilleux Divin. Elle indique aux
bergers leur chemin dans la nuit, au cœur de laquelle elle dirige leurs pas vers
l’Enfant-Dieu, afin qu’ils soient les premiers à l’adorer et à lui apporter leurs
offrandes.
C’est elle que suivront les Rois Mages tout au long de leur périple.
Les rois mages
Ils représentent les trois continents connus à l’époque, l’Europe, l’Afrique et l’Asie.
Au XVème siècle, Balthazar est le noir, mais les seigneurs des Baux découvrent en
Balthazar un de leurs glorieux ancêtres, et on décide qu’il ne peut être qu’immaculé.
Gaspard devient l’Abyssin ( éthiopien ) et Melchior le Maure.
Dans l’ordre d’arrivée, Gaspard est le premier, portant un ciboire avec de l’encens,
puis vient Melchior, apportant un coffret de myrrhe, et, fermant la marche, Balthazar,
les bras chargés d’une urne pleine d’or.
Les Rois Mages sont des étrangers, dans les crèches parlantes ils s’expriment en
français alors que les autres personnages s’expriment en provençal.
Les bergers
Les bergers sont des personnages essentiels de la crèche, sans doute en raison de
l’importance du rôle qu’ils jouent dans la vie économique de la Provence d’alors, terre
d’élevage et de transhumance.
Mais aussi parce qu’étant proche du ciel et des étoiles, ils baignent dans le mystère.
Leur science est celle de la nature et de ses métamorphoses, ils connaissent les
plantes et leurs secrets, lisent le temps et les évènements à venir dans la course des
étoiles et sont souvent poètes et guérisseurs.
Il était donc juste que les bergers soient les premiers à voir briller l’étoile de la
Nativité et la suivent pour arriver avant les autres à la crèche.
D’ailleurs, dans les premières crèches, outre la Sainte Famille, l’âne et le bœuf, il n’y
avait, agenouillés en demi- cercle devant l’enfantoun, que des bergers, les autres
santons n’y faisant leur apparition que plus tard.
Ils ont donné leur nom aux pastorales, et, dans la tradition des offrandes, dites
pastrages, figurait l’agneau de Noël, symbole de la vie naissante.
Lou Ravi
On dit qu’il doit être placé en premier dans la crèche car il porte bonheur.
On le place parfois à la fenêtre ou debout face au miracle de la Nativité.
Il est vêtu pauvrement d’habits rapiécés, il lève les bras au ciel, geste qui exprime parfois surprise et allégresse.
C’est un santon très familier auquel les Provençaux sont attachés, parce que c’est un pauvre innocent.
Il n’apporte rien d’autre que sa foi candide et le ravissement de ceux qui n’ont que
les biens du cœur à offrir.